Déconfinement : comment l’industrie française prépare la reprise
Le déconfinement commence le 11 mai. Si le dernier discours du président de la République offre une date claire à l’industrie quant à la reprise des activités, celle-ci n’a pas attendu pour réinventer ses méthodes de production. Tour d’horizon des bonnes pratiques dans les usines.
Protéger la santé des équipes, s’adapter aux fluctuations de la demande, gérer une trésorerie fragilisée… les défis sont multiples. Mais pour certaines entreprises comme le groupe Michelin, le confinement a eu du bon : « La grande vertu du confinement, c’est qu’il permet de nous mettre en capacité de définir des protocoles sanitaires, pour ensuite repartir » a déclaré Florent Menegaux, son président, dans un entretien au Monde le 3 avril. L’enjeu central est clair, tous secteurs confondus : redémarrer dans les meilleures conditions sanitaires possibles.
L’industrie se serre les coudes
En plus de l’application des gestes barrières et du port du masque dans les usines, des mesures structurelles sont prises pour lutter contre l’épidémie. En accord avec les syndicats, la fédération de la métallurgie prévoit ainsi des journées raccourcies à 6 heures au lieu 8, pour permettre des décontaminations quotidiennes, et des postes de travail éloignés d’un mètre, d’après les déclarations de Philippe Darmayan, son président, au Parisien.
D’autres entreprises n’ont pas attendu la mise en place du confinement pour changer leur manière de faire. C’est le cas de JPB Système, spécialisée dans les équipements aéronautiques : « On avait travaillé sur un plan de continuité de l’activité, donc on a pu continuer à produire avec 1/3 de l’effectif en télétravail, et partager les 2/3 restants en deux équipes pour respecter la distanciation sociale » explique Damien Marc, son président. Pour les équipements de protection en revanche, le système D a primé : « Il a fallu jouer de nos contacts pour le gel hydroalcoolique, les masques et les gants. Les masques, on ne les a que depuis la semaine dernière. »
Une plateforme d’approvisionnement, StopCOVID19.fr a d’ailleurs été créée avec le soutien du Ministère de l’Économie et des Finances, pour aider les professionnels à se fournir en produits sanitaires.
Face à cette crise inédite, les French Fabbers se serrent les coudes. « On a créé un groupe WhatsApp entre French Fabbers qui a pris toute son importance pendant la crise. Il y a beaucoup d’échanges, de partage d’informations entre entrepreneurs. Mes équipes qualité ont diffusé notre document unique mis à jour sur le groupe, plusieurs entreprises s’en sont inspirées et ont pu réouvrir » raconte Damien Marc.
“On a obtenu 5 millions d’euros en prêts garantis par l’État”
Entre ralentissement et arrêt total de l’activité, la crise a mis la trésorerie de certaines entreprises à l’épreuve. Mais elle a aussi révélé des opportunités, et la forte capacité d’adaptation de l’industrie française. Les exemples abondent : Microplast-Ecom, PME spécialisée dans l’injection plastique, a réorienté sa production dans les visières de protection pour les soignants, tandis que le groupe Lemoine, fabricant de produits d’hygiène en coton, a ouvert une ligne de production dédiée aux écouvillons, ces petites brosses nécessaires pour réaliser les tests de dépistage du coronavirus.
La situation est plus incertaine dans la filière aéronautique. Chez JPB Système, l’adaptation des premières semaines fait place à des projets de réorientation à plus long terme : « On a fait un très bon mois de mars grâce à nos clients étrangers, qui nous ont demandé de produire plus au cas où on fermerait. Mais quand on a compris que l’aéronautique serait impactée de manière durable, on a freiné certains projets. […] Avec d’autres French Fabbers, on travaille sur des produits disruptifs pour l’après-crise, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. C’est aussi une super opportunité d’avoir des capacités de production libres pour innover. »
Saisir les opportunités au vol, oui, mais pas au détriment d’une trésorerie fragilisée par la crise. La mise en place du chômage partiel, qui concerne aujourd’hui 9,6 millions de salariés en France, permet de garder le cap. Les prêts garantis par l’État (PGE) aident aussi à tenir bon : « On a obtenu 5 millions d’euros en PGE. Ça ne compensera pas le manque à gagner, mais ça permet d’avoir les idées fraîches, de respirer et d’avancer sur nos projets d’innovation pendant que le monde s’est mis sur pause. Pour moi, c’est une chance. » confie Damien Marc.
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