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Médicaments made in France : le défi de la relocalisation

Pour David Simonnet, PDG du leader français de la chimie fine Axyntis, la relocalisation doit cibler les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Elle est aussi l’occasion de changer de regard sur l’industrie pharmaceutique tricolore.

Aux grands maux les grands remèdes. Face aux tensions d’approvisionnement en produits sanitaires, le gouvernement a présenté en juin dernier son plan d’action pour la relocalisation des industries de santé en France. Parmi les mesures annoncées, 120 millions d’euros sont mobilisés pour créer de nouvelles capacités de production de médicaments. Un appel à manifestation d’intérêt, ouvert jusqu’au 30 octobre 2020, permettra d’identifier les projets bénéficiaires. 

Chez Axyntis, membre de la French Fab et leader français de la chimie fine, le rebond est déjà amorcé. « Grâce aux prêts garantis par l’État et au financement de 3,5 millions d’euros en avril dernier, nous allons investir cet été sur des projets de relocalisation. On est au-delà de la prise de conscience, on est passé à l’action », se réjouit David Simonnet, PDG du groupe. 

Priorité aux médicaments d’intérêt thérapeutique majeur

Le défi de la relocalisation reste de taille. L’Inde et la Chine produisent aujourd’hui 60 à 80 % des matières premières à usage pharmaceutique, d’après l’Académie nationale de pharmacie. Ce glissement vers l’Asie s’explique par un écart de compétitivité lié au coût de la main-d’œuvre, mais pas seulement. « La concurrence est déloyale car les exigences normatives sur la qualité et le respect de l’environnement sont beaucoup plus élevées pour les producteurs européens », analyse David Simonnet. Les impôts français sur la production, 2 à 3 fois supérieurs à leurs équivalents allemands, sont également en cause selon l’entrepreneur, qui demande un moratoire pendant la phase de relocalisation. 

Pour restaurer la souveraineté de la France, une approche stratégique est nécessaire. Si le président de la République souhaite relocaliser la production du paracétamol d’ici 3 ans, David Simonnet identifie d’autres priorités. « Le paracétamol est un médicament symbolique. Tout le monde le connaît, d’où la communication sur sa relocalisation. Mais elle doit concerner tous les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, les MITM ». Pour ces MITM, aucune alternative n’existe en quantité suffisante sur le territoire national, et une interruption de traitement peut mettre en jeu le pronostic vital du patient. Les médicaments utilisés en réanimation et dans la lutte contre le Covid-19 sont également prioritaires. 

Changer de regard sur l’industrie pharmaceutique

Dans le cadre de la relocalisation, le dirigeant d’Axyntis plaide pour indiquer le lieu de fabrication des principes actifs sur les boîtes de médicaments. « La situation de dépendance de la France n’était pas connue du grand public jusqu’à la crise. Je ne dis pas que ce qui est made in China ou made in India n’est pas bon. Mais nous avons un devoir d’information à l’égard des patients. »

Une transparence accrue permettrait aussi de valoriser le savoir-faire industriel du secteur auprès du grand public. « Relocaliser, ce n’est pas seulement donner accès à des médicaments. C’est aussi irriguer les territoires d’emplois à valeur ajoutée. À Montluçon ou à Pithiviers, nous sommes le premier employeur industriel. Là, on est au cœur de la French Fab », se félicite David Simonnet. 

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