Solidarité entre French Fabers : l’entraide au service de la résilience et du business
Groupes d’échanges, association d’entreprises, projets communs… Si la crise sanitaire a touché l’industrie, elle a également exacerbé – pour mieux la mettre en lumière –, la solidarité qui règne chez les entrepreneurs de La French Fab.
« Je pense qu’on fait partie d’une génération un peu nouvelle, qui a une vision différente du monde du travail et des entreprises. A l’époque c’était plutôt « vivons bien, vivons cachés ». En faisant les choses bien, on en sort bien plus gagnant que si on se tire dans les pattes », explique Romain Serra, directeur général de SMPF Tôlerie et membre de plusieurs groupes de travail et d’échanges. La messe est dite : pour avancer, en temps de crise ou non, c’est sur la solidarité et l’échange qu’il faut désormais miser.
Ensemble pour faire face à la crise… mais pas que
Xuân Mai Dang, technical partnership manager dans l’entreprise Micronor, confirme cette impression, et va même plus loin : « Aujourd’hui on est dans une démarche de partage, et ce même avec nos concurrents qui peuvent devenir des clients potentiels. ». Pour elle, la cohésion et le partage d’informations comporte aujourd’hui plus d’avantages que de risques. Dans le groupe de French Fabers d’Île–de–France (créé pendant la crise) dont Romain Serra et Xuân Mai Dang font tous les deux partie, les informations se sont enchaînées et continuent d’arriver, dans un dessein plus pérenne. « Au début, on s’entraidait pour faire face au Covid. Aujourd’hui, on fait vivre ces échanges quotidiennement pour faire avancer nos entreprises », explique Xuân Mai Dang. Ainsi, si les premiers messages se concentraient essentiellement sur les mesures et dispositifs mis au service des French Fabers – qui « changeaient tous les jours » et « étaient compliqués à gérer » –, c’est pour des actions plus concrètes que perdure le groupe aujourd’hui.
« C’est très informel, non réglementé, et c’est ça qui fait l’agilité du groupe », précise Xuân Mai Dang, également motivée par la « convivialité » des échanges. A côté de ces diverses initiatives personnelles sont également nées des actions de cohésion plus institutionnelles, également utiles aux French Fabers. Romain Serra par exemple, fait partie de plusieurs groupes Plato. Mis en place localement par les chambres de commerce et d’industrie (CCI), ces réseaux rassemblent des dirigeants de TPE et PME autour de séances de travail mensuelles, d’études de cas et autres visites d’entreprises. Des collectifs basés sur le principe du réseau, qui, même en dehors des temps de crise, permettent aux dirigeants d’échanger leurs bonnes pratiques et leurs contacts et avec ça, de faire évoluer leur entreprise. Construites sur le dispositif plus précis de la préservation de l’emploi et du prêt de personnel, les « Passerelles Industries » créées par France Industrie Occitanie pendant la crise sanitaire ont quant à elles permis à certaines entreprises d’être accompagnées dans leurs démarches liées à leurs politiques RH.
Grâce à (ou en parallèle de) ces outils formels ou informels qui nourrissent les entrepreneurs français sur l’ensemble du territoire, la solidarité s’est également matérialisée dans des collaborations concrètes entre industriels.
Des échanges de bons procédés aux collaborations concrètes
Parce que combattre la Covid-19 est devenu un objectif commun pour de nombreux industriels, les coopérations inter-entreprises se sont multipliées depuis un an. C’est ainsi que MGA Technologies, fabricant de machines dans le secteur du médical, Infiplast, injecteur plastique dans le même domaine et PhysioAssist, startup produisant des systèmes d’assistance à la respiration pour les pathologies pulmonaires, ont été amenées à collaborer. En associant leurs compétences et leurs réseaux, les trois entreprises sont parvenues à créer une machine automatisée en 10 semaines seulement pour créer près d’un million de filtres pour respirateurs à destination des patients en réanimation. Les Tissages de Charlieu quant à eux, se sont associés à la jeune startup Tekyn pour créer près de 15 millions de masques, après avoir quintuplé en un temps record leur capacité de production. De belles associations loin d’être isolées, qui ont donné lieu à des réalisations menées avec agilité et rapidité, pour le bien commun.
D’autres entreprises encore, si elles n’ont pas collaboré pour faire face à la Covid-19, sont parvenues à mener de gros travaux de concert malgré les difficultés liées à la crise sanitaire. Toutes deux accélérées par Bpifrance, les entreprises familiales Saint Jean Industries et Groupe CERI se sont notamment alliées en pleine tempête pour mener à bien un projet international. Déjà installée aux Etats-Unis, la première a été choisie par Jeep pour produire des pièces pour son nouveau véhicule. Un défi pour l’équipementier automobile français, qui, « plutôt que d’additionner ses centres d’usinage, a cherché à les optimiser, à les connecter entre eux pour créer une ligne de production robotisée aussi puissante qu’adaptable » explique Guillaume Mortelier, Directeur Exécutif en charge de l’accompagnement et Fonds Build-up International chez Bpifrance. Au lieu de miser sur un grand groupe étranger, c’est à la PME normande CERI que Saint Jean Industries a décidé de faire confiance. Un pari et un risque pour l’entreprise, en partie motivés par un état d’esprit commun et une volonté d’avancer ensemble, sous les couleurs du drapeau bleu-blanc-rouge.
Compilées, ces histoires illustrent un changement de paradigme chez les industriels français. Covid-19 ou non, le partage et la solidarité sont aujourd’hui au cœur même des stratégies des uns et des autres et n’attendent qu’à être renforcés. « Evidemment, il est important que l’on garde chacun nos savoir-faire. Mais on se rend compte aujourd’hui qu’il y a plus de bénéfices à partager avec les autres qu’à tout garder pour soi », conclut Xuân Mai Dang.
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