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Le « destin industriel de la France se fera avec les ETI »

Lors des Rencontres des entrepreneurs de France (REF) organisées par le Medef les 28 et 29 août derniers à l’hippodrome ParisLonchamp, l’entreprise à mission KPMG, et le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) ont rendu public une nouvelle étude de marché sur les ETI. Cette étude nationale se penche sur le « facteur chance » que représentent ces structures pour redynamiser l’industrie française. Elle se base sur neuf témoignages de dirigeants d’entreprises.

 

Passées de 4700 en 2008 à 6200 aujourd’hui, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) détiennent de multiples capacités pour impulser la dynamique de réindustrialisation sur le territoire.  C’est ce que souligne l’étude nationale « (Ré)industrialisation, le facteur ETI » qui s’appuie sur l’expertise de plusieurs experts.

Réalisée conjointement par KPMG, cabinet à mission qui accompagne les entreprises au cœur de leur stratégie de développement et METI, réseau de promotion des entreprises de taille intermédiaire créé en 1995, elle met en exergue les principaux atouts de cette catégorie d’entreprises, souvent comparée au ‘Mittlestand” allemand.  

ETI, une catégorie précise d’entreprises 

Nées avec la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008, les ETI recouvrent la catégorie d’entreprises situées entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises (GE). Elles comptent entre 250 et 4999 salariés, avec un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euro, soit un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros, d’après une cartographie des ETI établie par l’Insee. À noter qu’une entreprise de moins de 250 salariés peut également être qualifiée d’ETI à condition qu’elle réalise un CA de plus de 50 millions d’euros, soit un total de bilan qui n’excède pas 43 millions d’euros. 

« Le facteur ETI » : une combinaison d’avantages et de compétences 

L’étude de KMPG et du METI relève plusieurs points forts chez les ETI permettant d’affirmer qu’elles forment « l’ossature de l’industrie française». Tout d’abord, celles-ci ont une forte culture industrielle. Plus de la moitié d’entre elles sont impliquées dans des activités industrielles souvent implantées en dehors d’Ile-de-France, dans des petites ou moyennes villes. Un atout géographique qui favorise le renforcement du tissu productif local et la collaboration avec les pouvoirs publics.

Autre singularité des ETI : leur capacité à innover sur le long terme, à être « visionnaire ». Enfin, ces entreprises savent saisir les opportunités et prendre des risques en raison d’un « circuit de décision court » propre à leur catégorie.  

© Getty Images

Les neuf témoignages de dirigeants d’ETI présentés dans l’étude offrent une vision concrète et dialoguée de ce qu’est et sera la réindustrialisation. L’étude s’est notamment focalisée sur des ETI qui ont toutes amorcées au cours des trois dernières années, « de nouvelles capacités productives » dans la région où se trouve leur siège social d’origine pour la plupart.

Cette mobilisation des capacités de production peut prendre la forme d’une création d’usine, d’une extension de site, d’une réhabilitation de friche ou encore d’une relocalisation.

Cinq facteurs maîtrisés par ces ETI à travers leurs nouveaux projets permettent d’atteindre selon les experts de l’étude une “réussite de la réindustrialisation”. Quels sont-ils ? 

Le facteur opérationnel : les ETI ont su développer leurs capacités industrielles à travers la modernisation des sites de production
– Le facteur foncier : les ETI anticipent la question du foncier économique à travers leurs investissements réfléchis, leur expérience et connaissance de l’écosystème local
– Le facteur environnemental : la décarbonation des activités des ETI est un « prérequis », un « avantage concurrentiel »
– Le facteur humain : par le développement de nouveaux sites de production, qui implique la création de nouveaux emplois, de nouvelles compétences, les ETI s’emparent des enjeux d’attractivité de l’industrie
Le facteur territorial : l’ancrage territorial des ETI renforce les projets de mutualisation entre acteurs industriels, les pouvoirs publics mais aussi les réseaux professionnels et d’enseignement supérieur 

« La réindustrialisation, c’est avoir confiance en l’avenir »

Pour Paul Burger, président de l’ETI alsacienne Burger & Cie, spécialiste des garde-corps, des systèmes de fixation pour terrasses et maisons à ossature bois ainsi que des produits d’aménagement de jardin, « la réindustrialisation, c’est avoir confiance dans l’avenir et en maillant correctement le territoire, on a un avenir incroyable ».
Avec son nouveau site de production créé cette année, Le groupe Burger, entreprise familiale âgée de 177 ans souhaite développer la marque Grad, sa nouvelle usine de 8000m2 implantée à Lièpvre dans le Haut-Rhin, là où se situe son site historique.

L’objectif est de « répondre à la demande croissante » sur le marché des terrasses clipsables, témoigne Paul Burger, président de Burger et Cie. En 2016, le rachat d’une petite PME, leader nationale sur cette activité, donne à l’ETI l’occasion de se développer à l’international, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Avec cette nouvelle usine, dont l’exigence environnementale et écologique a été entièrement pensée, l’ETI poursuit l’ancrage local de son industrie. « L’entreprise a créé son bassin d’emploi et contribue à son maintien depuis plus de 160 ans », détaille un des experts de l’étude. 

« La souveraineté est un axe pour notre futur »

Autre exemple de la potentialité des ETI exploré dans l’étude : Naturopea. Selon Kilian O’Neil, membre de la French Fab et cofondateur de l’entreprise indépendante, spécialisée dans l’hygiène pour bébé, féminine et capillaire, « la réindustrialisation est une nécessité pour l’avenir, la souveraineté est un axe fort pour notre futur ».

Son usine La Fabrique à couches est implantée dans les Hauts-de-France et a été créée en 2019. L’entrepreneur et son associé, qui étaient des distributeurs, sont devenus avec cette usine, des industriels. Leur vocation ? « Internaliser la production d’un produit que nous commercialisons » mais aussi « apporter à cette production une innovation écologique ». Le tout en s’appropriant des « savoir-faire perdus » dans le domaine de l’hygiène. En effet, 10 % seulement des couches consommées en France y sont fabriquées, détaille l’entrepreneur dans l’étude.

Culture industrielle, fort ancrage territorial, proximité avec les pouvoirs publics, création d’emploi, conscience écologique, décarbonation, logique d’innovation… Les ETI contribuent à la réindustrialisation en France. Parce qu’elle est génératrice de potentialités, cette catégorie d’entreprises apporte de nouvelles perspectives sur le destin industriel français. Des raisons suffisantes pour que les pouvoirs publics misent « puissamment » sur elles, suggère l’étude.  

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