Pierre Haesebrouck, président du groupe Hasap

Avec l’Accélérateur Néo Pivot, le groupe Hasap fertilise son modèle économique 

Pierre Haesebrouck, dirigeant-fondateur du groupe Hasap, leader français du marché de l’agencement d’intérieurs revient sur le programme de l’Accélérateur Néo Pivot.

Cet accompagnement proposé par Bpifrance a été suivi par le dirigeant du groupe Hasap de septembre 2022 à octobre 2023. Il est destiné aux dirigeants de PME industrielles qui ambitionnent de faire « pivoter leur business model grâce à la tech », avec pour objectif de « conquérir de nouveaux marchés » ainsi que de « casser les codes de leur secteur ». Le programme aura permis à l’entreprise de déployer de nouveaux plans de croissance dans un marché de l’agencement d’intérieurs sur mesure particulièrement exigeant et singulier.

Acteur de référence dans le marché de l’agencement d’intérieurs haut de gamme et sur mesure, le groupe Hasap, basé dans le bassin lyonnais a fait l’acquisition au début de l’année 2024, d’une nouvelle maison. Avec Interval 3A, le groupe en possède désormais sept. Située également en région Auvergne-Rhône-Alpes (entre Chambéry et Albertville), la nouvelle société est spécialisée « dans le domaine du bois massif et de la finition type ébénisterie », précise Pierre Haesebrouck, président-fondateur du groupe Hasap depuis 2006.

Par cette intégration, l’entreprise incorpore un « complément de ressources et de savoir-faire » nécessaires aux besoins du marché. Cette nouvelle maison vient également « renforcer la compétence et la capacité commerciale du groupe dans le domaine de la réalisation haut de gamme en montagne »

La French Fab : Quels sont les objectifs que vous vous étiez fixés lorsque vous avez intégré l’Accélérateur Néo Pivot  ?

Pierre Haesebrouck : Dès le départ, nous étions d’accord sur la finalité de l’accompagnement qui a été d’ailleurs très intéressant, aussi bien avec les équipes de Bpifrance qu’avec celles d’X-Makers. La première étape a été une immersion dans notre business model actuel et cela est toujours profitable d’avoir le regard de personnes qui finalement n’appartiennent pas à notre secteur.

L’objectif premier était de rechercher des modèles de croissance plus simples que notre modèle actuel, en complément. En effet, pour croître, nous dépendons des compétences de nos collaborateurs. Nous faisons du sur mesure, nous sommes positionnés sur un marché et des métiers exigeants. Il ne s’agit pas seulement d’une question de process. Si on veut faire deux fois plus de chiffres d’affaires, il nous faut quasiment former deux fois plus de monde à notre activité. Dans notre métier, il est très compliqué de vraiment faire de la croissance exponentielle, au bout d’un moment, la croissance ne se fait que de manière externe.  

La French Fab :De quelle manière avez-vous repensé votre business model ? 

Pierre Haesebrouck : Après plusieurs échanges, nous nous sommes mis d’accordsur un modèle économique à tester. Il a consisté à recréer une plateforme de réalisation d’éléments de sous ensemble pour l’agencement. Cela nous a permis de tester assez rapidement l’appétence du marché, ce qui est appréciable. On a donc créé un nouveau site internet, une landing page, on a fait toute une démarche marketing puis on a observé ce qui tombait. Lorsque nous sommes arrivés au bout de ce process, on s’est dit que ça ne marcherait pas. C’est aussi l’intérêt de ce programme, reconnaître nos erreurs.

Après quelques interviews de personnes qui s’étaient montrées intéressées à travers le call-to-action passé sur les réseaux, on a constaté que cela n’irait pas car ce projet n’était pas encore assez mûr. Il ne correspondait pas à la façon de raisonner du marché de l’agencement qui est composé d’une myriade d’entreprises de tailles petites ou moyennes, et dont très peu dépassent les 20 millions d’euros de chiffres d’affaires. On s’est vite aperçu que nous n’aurions pas en face de nous, le schéma de pensée qui correspondait à notre offre. Si les gens qui composent le Comex de Hasap sont des menuisiers, des agenceurs, il y a aussi dans ce secteur, plein d’autres personnes qui viennent d’autres métiers et qui pensent un peu différemment. Donc, nous avons fait le choix de repartir, non pas de zéro mais d’aller vers d’autres pistes.  

La FF :Quelles sont les nouvelles solutions que vous avez par la suite mises en œuvre au sein du groupe Hasap ?  

PH :  A partir des démarches déjà amorcées, nous avons travaillé sur d’autres sujets qui se sont présentés au sein du groupe au même moment. Aujourd’hui, on teste une nouvelle offre. Elle est plus basée sur des ouvrages paramétriques. Dans notre métier, nous faisons du sur-mesure, on réinvente la roue à chaque fois. On estime être capable d’avoir des ouvrages types, paramétriques qui nous permettraient de nous approcher du dessin de l’architecte. L’idée est de mettre à disposition des concepteurs artistiques, des bases de données facilement exploitables. Par exemple, j’ai une bibliothèque, je vais modifier les dimensions, les matériaux mais je ne vais pas changer la façon de construire la bibliothèque.

Voilà ce sur quoi nous travaillons actuellement. Et je dois dire que cela a plusieurs avantages car quand on fait du sur-mesure, la première étape, c’est de chiffrer. Donc, nous pouvons tout de suite fixer un prix. L’étape d’après, ce sera certainement avec l’IA. On réfléchit sur la manière de rapprocher des dessins conçus par des architectes d’intérieur, de cette base de données. Le but est de pouvoir gérer à la fin, ce qui aujourd’hui est toujours 100% sur-mesure. Et de se dire, finalement, quand j’ai un dessin, je suis capable de l’analyser avec 80% de paramétriques.  Cette évolution-là est bien née de l’accompagnement Néo Pivot industriel, avec les méthodes de Néo. Par ailleurs, on a aussi formé des collaborateurs sur des démarches différentes (gestion de projets, modélisation) et on les a motivés. Chez Hasap agencement, les collaborateurs sont un peu à part, ils viennent d’un autre monde, celui de l’industrie. On a par exemple un collaborateur qui, avec le programme Néo, s’est senti épaulé et moins seul. 

La FF :Quels sont les projets à long terme sur lesquels se penche votre structure ?  

PH : On espère qu’avec l’équipe actuelle, on pourra faire deux fois plus d’études de prix, puisqu’on développera des modèles automatiques de chiffrage. Dans le domaine du sur-mesure, chiffrer est un véritable métier. Cela demande un savoir-faire particulier, il faut beaucoup d’années de formation, et il n’y en a pas forcément de disponibles sur le marché. Donc, nous devons former nous-mêmes ces personnes. Or, créer un poste de responsable études de prix prend entre 3 à 5 ans minimum. Avec cette démarche de recherche d’automatisation, on va pouvoir être moins dépendant de ce type de poste.

Par ailleurs, le groupe Hasap est en train d’élaborer le budget de R&D pour aller au bout de ce processus qui, sans le programme Neo Pivot n’aurait pas donné naissance à cette génération d’idées. Nous sommes satisfaits car il y a eu des rebonds sur cet accompagnement et nous avons également apprécié l’approche out of the box de l’équipe X-Makers, notamment de Julien Masson, dirigeant de l’entreprise partenaire de cet Accélérateur.  

partager cet article

ON VOUS RECOMMANDE AUSSI