Industrie et Innovation : « ll faut sensibiliser les jeunes aux techniques industrielles » pour Guy Crozet, dirigeant de A.M.I
Le 14 novembre, le Tour de France de nos industries a fait étape en région Bretagne, à Torcé. L’entreprise A.M.I (Atelier de métallerie industrielle) a accueilli durant la journée 80 jeunes scolarisés sur le territoire pour des visites au sein de son site industriel. L’occasion pour Guy Crozet, dirigeant de la PME et ambassadeur French Fab de longue date, d’échanger autour des enjeux liés au recrutement dans la filière.
« Ces dernières années, on a vraiment connu une réindustrialisation du territoire », a affirmé le dirigeant de la PME, lors du Tour de France de nos industries qui a fait étape près de Rennes, le 14 novembre. Guy Crozet a mis en exergue le « dynamisme économique incroyable » du territoire. Il a également échangé avec La French Fab sur la thématique du recrutement de profils compétents dans la filière industrielle, plus spécialement dans le secteur de la métallurgie. Un enjeu de taille pour l’entreprise A.M.I, experte en tôlerie fine de précision. C’est également, elle qui fabrique les petits coqs bleus, symbole de l’industrie française en mouvement.
La French Fab : Quels sont les enjeux liés à l’embauche de main d’œuvre dans la région ?
Guy Crozet : En Bretagne, on a un taux de chômage qui est assez faible, et plus particulièrement sur le territoire de Vitré. On détient le 2e ou 3e taux de chômage le plus faible de France, à peu près au même niveau que celui de la Vendée. Ce qui est très bien dans l’absolu. Mais cela nous pose tout de même quelques soucis en termes de recrutement. On se retrouve en concurrence entre nous, entre entreprises du territoire, quel que soit le métier. Et cet aspect-là accentue la difficulté à recruter, à étoffer nos effectifs et à garder les gens.
La French Fab : Quels sont les métiers qui manquent cruellement de main d’œuvre dans l’industrie ?
Guy Crozet : On parle beaucoup du métier du soudeur lorsqu’on évoque le manque de main d’œuvre, notamment dans le domaine de la métallurgie. Néanmoins, l’avantage de ce métier est qu’il est enseigné. Quelque part, il s’agit d’un métier mature. Donc, ce n’est pas toujours facile de retrouver des soudeurs mais on en trouve quand même. La difficulté repose sur le fait que dans nos métiers, il y a des technologies, des machines dont les usages ne sont pas enseignés. Ou alors, si certaines techniques sont enseignées, elles correspondent à celles que nous avions il y a trente ans dans nos entreprises. Certes, on a des moyens de production qui coûtent extrêmement chers, aujourd’hui nos machines de découpent valent à peu près un million et demi d’euros. Je comprends que ce soit compliqué d’installer ce type de matériel dans les écoles. Mais, il va nous falloir trouver des solutions, de manière à ce que les plus jeunes soient non seulement sensibilisés aux techniques industrielles mais sachent aussi utiliser le matériel disponible à l’heure actuelle dans l’entreprise.
La French Fab : En quoi cet aspect-là est primordial pour votre entreprise ?
Guy Crozet : Globalement, aujourd’hui si j’achète des machines qui fonctionnent sur les dernières technologies, je n’ai personne à mettre devant. Je vous donne un exemple : chez A.M.I, nous avons un de nos fournisseurs qui développe des machines de fabrication additive métal. Si j’avais le besoin, je pourrais acheter cette machine mais je n’ai personne à mettre devant. Les jeunes qui ont entre 15 et 20 ans et qui sont en école devraient dès maintenant, être en train d’apprendre à utiliser ces machines que les constructeurs sont en train de développer. L’objectif est que d’ici 4 ou 5 ans, lorsqu’ils arriveront sur le marché du travail, ils puissent être en phase avec ce qu’ils vont trouver dans les entreprises. C’est cela le sujet d’aujourd’hui. Si on n’y arrive pas, on sera en retard.
La French Fab : Comment attirer les jeunes dans la filière industrielle ?
Guy Crozet : Cela va se jouer sur plusieurs pans. De nos jours, avec qui un jeune passe-t-il le plus de temps ? Ses copains, ses contacts sur les réseaux sociaux et de manière plus générale, il est en contact avec sa famille, ses parents, le monde de l’éducation. Donc, concrètement, physiquement, c’est avec sa famille, ses proches et l’éducation qu’il passe le plus du temps. Je suis persuadé que par l’éducation, l’enthousiasme, l’envie qu’un enseignant peut transmettre ou qu’un parent peut donner, on a une vraie carte à jouer. Mais, je pense qu’il faut aller vite en rapprochant impérativement le monde de l’enseignement, de l’éducation avec celui de l’entreprise. Il faut que nous puissions échanger, se rencontrer, se comprendre sur nos rythmes et modes de fonctionnement. Nous avons, nous, industriels, le moyen de montrer concrètement, à quoi servent les études à un jeune. Et vice-versa, les enseignants devraient avoir la possibilité de montrer à leurs élèves, à quoi peuvent servir les mathématiques et les sciences par exemple.
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