La collaboration entre grands groupes et startups deeptech, un levier de compétitivité industrielle
Bpifrance, Hello Tomorrow et France Industrie ont publié un rapport mettant en avant les enjeux d’une meilleure collaboration entre grands groupes et startups deeptech. Trois marchés sont concernés : la santé digitale, l’agriculture et la décarbonation de l’industrie.
« L’écosystème des startups en matière d’innovation, de dynamisation et de renouvellement est un apport fondamental au tissu industriel français. Nous sommes convaincus que c’est par l’innovation que l’industrie répondra aux enjeux de relocalisation, d’attractivité, de réindustrialisation et de décarbonation de notre économie. », affirme Jean-Marie Danjou, Directeur Général Délégué de France Industrie, partenaire fondateur de La French Fab.
Durant l’été 2020, plus de 600 acteurs se sont réunis pour répondre à trois objectifs : échanger autour de l’apport des deeptech pour la santé, l’agriculture et la décarbonation de l’industrie ; mettre en avant les opportunités de collaboration technologiques entre les grands groupes et ces startups porteuses d’innovations de rupture ; engager les chantiers de facilitation et d’accélération de ces collaborations.
Trois leviers d’accélération de collaboration
Insistant sur les enjeux de réindustrialisation et de souveraineté de la France renforcés par la crise sanitaire, le rapport pose comme impératif d’associer l’agilité et la vitesse des startups deeptech à la capacité industrielle, réglementaire et commerciale des grands groupes. Pour y répondre, elle s’appuie sur trois leviers d’accélération transverses de collaboration :
– Le premier consiste à accentuer la visibilité et l’accessibilité des startups. Pour ce faire, c’est sur la lisibilité de leur offre technologique et leur positionnement sur la chaine de valeur qu’il faut aujourd’hui miser pour faciliter le sourcing et l’intégration de ces jeunes entreprises au tissu industriel.
– Deuxième levier, la fluidification des parcours de collaboration et des outils permettrait, entre autres, de lever les hésitations. Risquées, les technologies deeptech mériteraient ainsi que l’on simplifie le parcours d’achat et l’évaluation pour déverrouiller les démarches et l’identification des bénéfices concrets.
– Comme troisième piste d’accélération, le rapport met en avant la nécessité d’utiliser la commande d’achat public pour favoriser les consortiums publics, grands groupes et startups. Parce que les appels d’offres ne sont pas dimensionnés pour retenir ces solutions innovantes, il s’agirait notamment de profiter des plans de relance du gouvernement pour ouvrir la voie de la collaboration.
Une collaboration indispensable pour la neutralité carbone de l’industrie
Le marché de la décarbonation de l’industrie, porté par l’objectif de neutralité en 2050, connaît une croissance annuelle de 20%, et s’est vu allouer une enveloppe de 1,2 milliard d’euros sur les 30 milliards dédiés à la transition écologique par France Relance. Approvisionnement en énergie, efficacité énergétique des process industriels, production de chaleur renouvelable, électrification des usages et des procédés, captage et stockage de CO2, réemploi et recyclage des matériaux utilisés… L’ensemble de la chaîne de valeur est concerné par la décarbonation, ouvrant la voie à de nombreuses technologies deeptech dédiées à l’un ou l’autre maillon. Parce qu’ils concentrent à eux seuls plus de 70% des émissions de CO2 de l’industrie, les secteurs de l’acier, la cimenterie, l’aluminium et l’industrie chimique sont les premiers challengés par les enjeux, bien que dans le même temps pénalisés par les mesures réglementaires restrictives qui cadrent leur activité.
D’après le rapport, si les opportunités de collaboration entre grands groupes industriels et startups deeptech sont ainsi nombreuses, il faut prioriser les solutions les plus compétitives et moins coûteuses que les solutions carbonées, développer les technologies de rupture long–termistes et accentuer la concertation entre les différents acteurs en se concentrant notamment sur les prochains « standards de décarbonation ». Parmi les standards en question, les énergies renouvelables, l’hydrogène, les technologies de capture de carbone (CCS) ou encore les biocarburants constituent une priorité. Tout en notant les difficultés liées aux crises sanitaire et économique, le rapport précise que « la décarbonation de l’industrie peut aussi être vue comme une opportunité pour les entreprises du secteur, en renforçant leur position sur un marché ou en leur permettant d’en conquérir de nouveaux en innovant. ». Preuves en sont les exemples de technologies deeptech cités, rassemblant des solutions liées à la data, au remplacement des matières premières, ou encore à la captation de l’énergie issue des procédés industriels.
Découvrez le rapport de Bpifrance, Hello Tomorrow et France Industrie
partager cet article
ON VOUS RECOMMANDE AUSSI
-
Dossier
Réindustrialisation : high tech et made in France font-ils bon ménage ?
29/05/2023
Pour la réindustrialisation du pays, industries et startups à haut potentiel industriel devront jeter ensemble les fondations des champions économiques de demain, en gardant toujours en ligne de…
-
Dossier
Décarboner la mobilité grâce au rétrofit électrique ou hydrogène
22/05/2023
Instauration de Zones à Faibles Émissions, interdiction de la vente de véhicules légers thermiques neufs d’ici 2035, objectif de neutralité carbone pour 2050… Autant d’éléments qui…
-
Dossier
Capter le CO₂ pour le stocker ou le valoriser, la solution pour décarboner…
24/03/2023
Troisième émetteur de gaz à effet de serre à l’échelle nationale, l’industrie française est l’un des secteurs les plus concernés par la décarbonation. Parmi les leviers à disposition,…
-
Dossier
Sobriété énergétique : comment les industriels peuvent-ils concrètement…
20/12/2022
La crise énergétique et les exigences de l’État en matière de sobriété appellent les industriels à, eux aussi, réduire leur consommation d’énergie. Quels sont les leviers d’action…