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Quand la beauté cachée de l’industrie s’expose au Jardin du Luxembourg 

Redécouvrir l’excellence du savoir-faire des hommes et des femmes de l’industrie, voici ce que propose Christophe Lepetit avec son exposition. À travers un voyage en 80 photos, il nous emmène au cœur de la fabrication des objets de notre quotidien. Rencontre avec un passionné. 
 
Big média : Comment vous est venue cette passion pour la photographie ? 
Christophe Lepetit : De mon adolescence durant laquelle j’ai acheté mon premier appareil. J’avais même mon labo photo. Et puis, à côté de ça, j’étais plutôt scientifique. Mon père étant vétérinaire à la campagne, j’ai donc naturellement marché dans ses pas. C’est en découvrant les beautés de l’Afrique lors de mon service militaire que j’ai développé cette passion qui ne m’avait jamais quitté. J’ai ensuite continué à travailler jusqu’à 30 ans comme vétérinaire puis un jour j’ai tout quitté pour tenter ma chance dans la photographie.
 
BM : Qu’est-ce-qui vous a poussé à photographier l’industrie ? 

CL : C’est un hasard à la base, mais je me suis rapidement passionné pour ce secteur. J’ai adoré révéler la beauté des usines, mettre en avant la chorégraphie des salariés… Mes premiers clichés dans ce monde de l’industrie remontent à 1997, à l’occasion d’un reportage pour le magazine Capital sur la fabrication des bougies chez Devineau. De fil en aiguille, j’ai été amené à prendre des photos sur beaucoup de sites industriels. Ce qui m’attire dans ce secteur, c’est le côté challenge : réussir des clichés dans des univers qui ne sont pas forcément accueillants et photogéniques. Et puis l’ambiance, les lumières, une usine peut être très colorée et très graphique. 

« Les gens aiment leur travail dans l’industrie et sont fiers de leur savoir-faire »

 

BM : Que représentait l’industrie avant de vous y intéresser et comment la percevez-vous, aujourd’hui ? 
CL : Très sincèrement, c’était quelque chose de lointain et de méconnu pour moi. Ensuite, j’ai découvert petit à petit un secteur de passionnés. Les gens aiment leur travail dans l’industrie et sont fiers de leur savoir-faire, d’appartenir à leur entreprise. La plupart d’entre eux étaient également très heureux d’être photographiés. Il y a un vrai désir de reconnaissance, de pouvoir montrer à l’extérieur ce qui se passe dans une usine. 
 
BM : Cette exposition est le fruit du travail de combien d’années ? 
CL : C’est le résultat de plus de 25 ans de reportages !   
 
BM : Qu’est-ce-qui vous a le plus marqué en arpentant les sites industriels français ? 
CL : C’est une question difficile, j’ai visité tellement de sites incroyables. J’ai adoré découvrir les coulisses de l’aérospatial, visiter une centrale nucléaire, rentrer dans les salles blanches où l’on fabrique les processeurs… Peut-être, la première fois que j’ai pu m’introduire dans les usines Michelin. Même le Général De Gaulle n’avait pas pu visiter leurs ateliers dans les années 1960, c’est pour vous dire que tout était très secret. Quand je suis arrivé chez eux, j’ai débuté par une journée de formation durant laquelle vous apprenez à fabriquer des pneus. La découverte des procédés de fabrication, dans n’importe quelle usine d’ailleurs, c’est toujours passionnant. J’ai également le souvenir des fonderies de Pont-à-Mousson chez Saint-Gobain, dans une ambiance digne des forges de Vulcain, les ouvriers métallurgistes en tenue de protection travaillent la fonte liquide qui sort des hauts fourneaux à 1 400 degrés. Il faut savoir que lors d’une éruption volcanique, la température de la lave éjectée n’est que de 700 et à 1200 degrés. J’aimerais aussi parler de Futura Gaïa, une start-up dans le domaine de la culture maraîchère en intérieur. Elle propose, dans un environnement futuriste, une solution révolutionnaire de culture dans des cylindres qui permet de multiplier par 9 la surface et d’utiliser 20 à 30 fois moins d’eau que dans la nature. Ils sont également capables de faire jusqu’à 11 récoltes par an contre 5 en culture à l’extérieur, tout en permettant de s’affranchir des aléas climatiques. 

« Les usines d’aujourd’hui sont de véritables concentrés de technologies »

 

BM : L’expertise industrielle française, vous l’avez ressentie ? 
CL : Bien sûr, il y a un savoir-faire français presque ancestral, que ce soit dans les grandes entreprises ou au sein des petites structures. Les usines d’aujourd’hui sont de véritables concentrés de technologies. 
 
BM : Quelle est la photo ou la série dont vous êtes le plus fier sur cette exposition ? 
CL : Il y a une photo que j’aime beaucoup. Je l’ai prise dans les tanneries Haas, en Alsace. J’arrive dans l’usine, je suis en compagnie du directeur et je commence par faire un repérage. C’est le matin, très tôt, il fait froid mais très beau, le soleil entre à l’horizontale dans le bâtiment. À la fin du processus, après la teinture, les peaux passent dans une énorme machine à repasser qui produit beaucoup de vapeur, créant une ambiance surréaliste. Et puis, il y a cet homme qui s’empare des pièces de cuir de couleurs et qui, d’un geste, les dépose sur une sorte de chevalet. J’ai stoppé mon repérage et j’ai pris la photo. L’instant était parfait.
 
BM : Votre exposition continuera-t-elle de vivre après ces quelques mois au Jardin du Luxembourg ? 
CL : Nous sommes en discussion pour exposer l’entièreté, sinon quelques-uns de mes clichés, lors de la 9e édition de Big le 5 octobre prochain à l’Accor Arena Paris. Je suis également en pourparlers avec le groupement des industries métallurgistes pour exposer à l’occasion d’un salon en novembre. Et puis pourquoi pas, par la suite, continuer à faire vivre l’exposition au sein de certaines Chambres de commerce et d’industrie en région. J’en serais ravi en tout cas ! 

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