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Elynxo, un expert français de l’optronique

Un positionnement premium, très peu de fournisseurs étrangers, une conception et un assemblage intégralement réalisés en interne… Le spécialiste de l’optronique Elynxo vise l’excellence à la française depuis 1987.

« Nous avons un savoir-faire historique, très spécifique », présente Jean Soleille, directeur général d’Elynxo, fabricant d’équipements d’optroniques, intégrant de l’optique, de la mécanique, de l’électronique et du logiciel. Grâce à ses capacités d’usinage de précision et d’assemblage complexes, Elynxo est spécialiste de la conception, la fabrication et la maintenance d’équipements et de sous-ensembles optroniques pour les secteurs de l’industrie, de la défense et de la sécurité. La société conçoit et réalise des produits tels que lunettes de tir jour et thermique, goniomètres de pointage, caméras d’harmonisation, systèmes d’observation…

Créée en 1987 à Paris, la société propose des produits à très forte valeur ajoutée pour des acteurs de la défense, de la sécurité et de l’industrie. « Nous avons certains des meilleurs produits de défense au monde, nous fournissons plus d’une quinzaine d’armées dans le monde dont la France », clame Jean Soleille.

L’entreprise maîtrise l’ensemble du cycle de vie de ses produits. « Beaucoup de sociétés spécialisées dans l’optique en France achètent leurs composants et sous-ensembles. On évite cela au maximum. Comme Thales et Safran, nous concevons intégralement nos optiques en interne. On dessine les lentilles et tous nos constituants, puis on les achète chez des fabricants sur-mesure », explique le dirigeant.

Jean Soleille a pris la direction de l’entreprise en 2015, avec des idées plein la tête. Diversification et ouverture à de nouveaux marchés, restructuration complète de l’entreprise, maintien des savoir-faire historiques… les nouveaux axes stratégiques d’Elynxo lui ont ouvert des perspectives intéressantes de développement.

S’ouvrir aux marchés civils pour ne plus dépendre de la défense

Elynxo appartient à un ensemble d’entreprises appelé BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense). Comme les autres membres de ce groupe, la petite structure doit s’adapter aux déconvenues et aux difficultés qu’apporte le marché militaire : un marché cyclique, imprévisible, sporadique, dépendant du contexte géopolitique international et des budgets votés. « Quand tout se met en route avec efficacité, les commandes tombent. Malheureusement, bien souvent les décisions se décalent ». C’est pour cette raison que l’entreprise a décidé, en 2015, de s’adresser à d’autres secteurs : « Nous nous diversifions pour viser des marchés civils et industriels et ne plus dépendre de la défense. » Alors que 70 % du chiffre d’affaires d’Elynxo provient de ce secteur – versus 100 % à ses débuts – le pourcentage est encore amené à baisser, comme l’illustre la diversification des applications du dernier produit phare de la société : des jumelles à destination de la défense, des forces de sécurité et de la surveillance industrielle.

Une restructuration de fond nécessaire à un fort développement

En parallèle de son ouverture à de nouveaux marchés, Elynxo est passée par une phase de transformation et de restructuration complète, finalisée en 2019. « Il fallait conserver un savoir-faire historique tout en développant des domaines hors de nos compétences, telle l’électronique pointue », explique Jean Soleille. La petite structure au fonctionnement artisanal a décidé de fortifier sa base industrielle pour être capable à la fois d’investir dans de nouvelles compétences, et de réintégrer en interne des process abandonnés. « Quand on veut faire de l’industrie de façon pérenne et grossir, on est obligé de se structurer correctement et de mettre en place des process qualité qui tiennent la route », affirme le dirigeant.

Elynxo sauve un fournisseur de la faillite et son savoir-faire historique

A l’aube de la crise du Covid-19, les complications rencontrées chez l’un des fournisseurs d’Elynxo se sont finalement transformées en opportunité. Fin 2019, le spécialiste de l’optronique prend la décision d’intégrer cette structure de 10 personnes qui réalise alors 50 % de son chiffre d’affaires dans l’aéronautique, mais n’a pas de marchés suffisamment larges pour surmonter la crise sanitaire. « On a préservé des emplois et compétences rares ! Cette entreprise avait 40 ans et un savoir-faire historique en mécanique de haute précision notamment pour l’optique. Dans un domaine où 70 % de la performance d’un produit se situe dans la mécanique, maintenir ce savoir-faire était primordial », décrypte Jean Soleille. Cette acquisition a permis à Elynxo de maîtriser une part importante de la performance de ses produits en interne, mais aussi d’adresser de nouveaux marchés tels que l’aéronautique, le nucléaire, l’industrie du laser, le médical… des domaines où la précision est de rigueur.

Le dernier produit en date d’Elynxo ? Des jumelles à 80 % de valeur ajoutée française

Elynxo ne cesse d’innover, et privilégie depuis quelques années des fournisseurs hexagonaux. « On a décidé de recentrer nos approvisionnements sur des sources françaises. Résultat ? Aujourd’hui, 80 % de notre valeur ajoutée est française ! » déclare le dirigeant. Ses nouvelles jumelles VIRTUOSE, développées depuis 2020 et en cours de commercialisation, en sont un bon exemple : « Toutes les pièces mécaniques sont fabriquées chez nous, il n’y a pas beaucoup de produits à ce niveau-là. On a même revu notre conception électronique en 2023 pour trouver des sources et composants français, notamment provenant de STMicroelectronics. »

Les stratégies de restructuration, de diversification, et de choix de fournisseurs d’Elynxo se sont avérées payantes. L’entreprise qui comptabilisait cinq personnes en 2015 en emploie aujourd’hui une quarantaine. Elle a aussi profité de son nouveau développement pour rassembler en 2023 ses deux structures historiques sur son nouveau site des Ulis, en Essonne, bénéficiant d’une capacité d’extension importante. « Quand on met un peu d’énergie dans l’industrie en France, ça marche ! »

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